La doctrine de l'aumône noffrirait-elle pas une matière intéressante de recherches ? Par sa nature et son rôle l'aumône a été mêlée dès les premiers âges à la vie de tous les jours, et si elle n’a pas su éviter certains écarts qui ont nécessité l'intervention du magistère suprême, son histoire n’en fournirait par là qu’un exemple plus probant dévolution dirigée et soutenue par la tradition. La voie est déjà frayée aux laborieux. Les dictionnaires de théologie en ont rapidement esquissé le tracé, surtout pour la période patristique. Récemment, en 1927, le P. R. Brouillard, S.J.,
en a dessine quelques jalons plus importants ; en 1930, le P. Spicq, 0. P., a étudié les relations de l'aumône avec la vertu de justice chez quelques grands prédécesseurs de saint Thomas et chez le Docteur Angélique lui-même ; enfin en 1932, le P. Goreux, S. en deux articles, a marque la position nette de saint Thomas et les fléchissements progressifs quelle a subis dans l'exégèse des commentateurs les plus en vue des XVe et XVIe siècles. Nous nous proposons d'exploiter un petit coin de ce champ immense: la doctrine de l'aumône chez le Docteur Angélique. Ce sera notre humble contribution au travail des chercheurs ; ce sera fixer, nous l'espérons, une halte sûre à ceux qui s'intéressent à l'histoire des vérités morales, au devenir des textes. Toutefois le point captivant pour le moraliste étant surtout la détermination du précepte et les principes qui la régissent, c'est sur ce seul terrain que nous travaillerons.