Pie X avait tout pressenti dès le premier jour. Il n’eut qu’à exécuter le programme de son gouvernement, pour appliquer aux hérésies modernistes le traitement de la vérité catholique et pour opposer aux tendances périlleuses du démocratisme le bon sens d’une action vraiment catholique. Pendant ce temps, son œuvre du début ne se ralentit point. Il ramena les fidèles, par les décrets sur la Communion fréquente et la Première Communion, aux sources d'énergies surnaturelles, qui renouvellent leur jeunesse. Il s’efforça d’augmenter par le retour aux mélodies grégoriennes l’attrait des cérémonies liturgiques et leur action bienfaisante sur les âmes. Les commissions chargées par lui de codifier le droit canon, de préparer une édition critique de la Vulgate, etc., etc., poursuivaient leurs travaux.
Les Congrégations romaines subissaient une transformation, appelée à rendre plus facile et plus prompte l’expédition des affaires.La réforme ecclésiastique entreprise sur tant de points à la fois prenait chaque année un nouvel essor. Au milieu du labeur, exigé par tant d’initiatives, le Pape trouve moyen de suivre la réorganisation des Eglises de France. L ’attention qu’il leur donne est telle qu'on le croirait exclusivement occupé de leurs besoins. Il préside à leur gouvernement. Cette présidence est effective. On s’en aperçoit à tout propos. Rien ne lui échappe. Pour qu'il en soit ainsi, le Vatican, privé des informations diplomatiques de la nonciature, a dû créer de toutes pièces un service de renseignements. A en juger par les résultats, cet organe nouveau du gouvernement ecclésiastique ne fonctionne pas trop mal. Car, à Rome, on est fort bien renseigné. Ceux que cela gêne prétendent qu'il n’en est pas ainsi. Mais leur témoignage est trop intéressé pour mériter confiance. L'opposition, aussi habile qu’inlassable, à laquelle se heurte sans cesse le gouvernement de Pie X, rendait indispensable l'organisation de ce service. J'en ai dit assez.
Ce travail de Pie X et de ses auxiliaires est exposé, dans les pages qui suivent, par un témoin. Leur auteur habite Rome depuis plusieurs années. Ses relations avec le Vatican sont de tous les jours. Il voit les Romains et il cause avec eux. De nombreux étrangers le rencontrent sur leur chemin et ils lui causent. Aventino sait voir et il sait écouter. Il sait lire et il retient ce qu’il a lu. Le lecteur en trouvera, les preuves dans son extraordinaire documentation. Aventino n'est pas inconnu du public français. Ses lettres de Rome à l’Action Française lui ont conquis des sympathies nombreuses.Notre presse parisienne, même religieuse, n’a rien qui les égale. On y reconnaît l’observateur à qui rien n’échappe, l’homme prudent, qui ne s’expose ni à un recul ni à un démenti, le catholique loyal et généreux, le soldat de l’Eglise, qui met tout son honneur à la servir. Le livre, qu’il m’a demandé de présenter au public, est et restera l’un des meilleurs actes de son service.
 
Dom J. M. Besse.